1811, etwa 7. August. Mit Legationssecretär Lefebvre Avec M. Goethe elle [la conversation] prit sur le champ un vol plus élevé; il embrassa toute la littérature allemande, passée et présente, il y marcha à pas de géant, peignant tout à grands traits, d'une manière rapide, mais avec une touche si vigoureuse et des couleurs si vives, que je ne pouvais assez m'étonner; il parla de ses ouvrages peu et avec modestie, beaucoup des chef d'oeuvres en tout genre de la France, des grands hommes qui l'avaient honorée, du bonheur de sa langue, des beaux génies qui l'avaient maniée, des littérateurs présents, de leur caractère et de celui de leurs productions; enfin, j'étais un. Français qui était allé pour rendre hommage au plus beau génie de l'Allemagne, et je m'apperçus bientôt que M. Goethe me faisait en Allemagne les honneurs de la France. Il est impossible, d'allier plus d'esprit, plus de modestie et de cette urbanité qui jette sur la science un vernis si aimable. Je lui disais en parlant de notre littérature que nous étions enfermés dans des bornes étroites dont nous ne voulions pas sortir, que nous restions obstinément dans les mêmes routes, ce que ne faisaient point les autres peuples. Il me répondit avec une politesse infinie, qu'il ne trouvait pas que les Français eussent de la répugnance à sortir de leurs routes, mais seulement qu'ils étaient plus judicieux que leurs voisins lorsqu'il était question de s'enouvrir de nouvelles. Son oeil est plein de feu, mais d'un feu doux, sa conversation riche et abondante, son expression toujours pittoresque et sa pensée rarement ordinaire.