1823, 2. März. Während Goethes Krankheit Imaginez vous [Julie Gräfin Egloffstein] que j'ai [Soret] passé plus d'une heure dans la chambre de Monsieur de Goethe, assis vis-à-vis de lui et ayant Mad. de Goethe à gauche et M. Riemer à droite. Quel changement prodigieux s'est encore opéré depuis trois jours dans sa physiognomie et dans sa voix! Il s'est levé seul, il a marché devant moi, ses yeux sont presque toujours ouverts, il parle volontiers, il mange avec appetit sa soupe, il lit ses lettres, il agit des deux mains, tant l'enflure a diminué. Enfin Stadelmann m'a dit que ses pieds sont moins enflés qu'ordinairement le matin lorsqu'il se porte bien. Ce n'est pas tout; pour la première fois on a pris le thé comme de coutume sur la grande table. Mad. de Goethe a detaché de son bonnet un noeud de rubans roses qu'elle a fixé en signe de triomphe a la théière; cette action a fait sourire le convalescent. Comme il doit être doux de revenir à la vie lorsqu'on voit le bonheur briller sur les traits de tous ceux qui vous environnent! Une collection de pierres fausses a été mise sous nos yeux; pendant que nous étions occupés à les admirer... j'en laisse tomber une que disparait sous le bureau; tout se met en mouvement pour la retrouver; je m'empare d'une lumière et je me couche sous ta table avec tant de bonheur qui je mets le feu à ma perruque. Nouvelle confusion, odeur détestable. L'excellent M. de Goethe n'avait pas l'air d'en être fâché ni dérangé. Honteux de ma sottise je prends mon chapeau et je fais la révérence, non sans me répandre en excuses.