b. Je suis arrivé ici à quatre heures de matin. – – – – – – – – – – – – – – – Mais il faut vous [Madame Recamier] dire un mot de Goethe, que j'ai déjà vu. C'est le plus simple et le phis aimable des hommes. Je m'attendais à quelque raideur, à des habitudes d'idole, qui seraient excusables: pas l'ombre de cela; il m'a parlé francais quoique je lui aie offert de parler allemand; j'espère qu'il laissera là cette politesse et que je l'entendrai dans sa langue. Il m'a entretenue des découvertes de mon père, qu'il connait très-bien; de M. Cousin, qu'il admire fort, et du ›Globe‹, qu'il goûte beaucoup, de la traduction d'Albert. Je me trouvais ainsi en pays de connaissance. Je n'ai pas découvert chez lui une nuance d'affectation ou de prétention. Il a la physionomie triste et une expression sereine. A peine arrivé j'ai eu le temps de faire la conquête d'un homme qui me sera trèsprécieux, parcequ'il est une manière de confident de secrétaire de Goethe. Goethe a désiré que je logeasse là où loge ce monsieur; ainsi je me trouverai naturellement dans l'intimité du grand homme. Tout prend la tournure d'un séjour de deux ou trois semaines.