39/7. An den Chevalier Louis de Kirckhoff Monsieur, La lettre du 3. octobre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, vient de me rappeller que déjà depuis longtemps j'aurais dû répondre à l'envoi très intéressant que vous avez bien voulu m'adresser antérieurement. Me sera-t-il permis d'alléguer pour excuse, que dans un âge déjà très-avancé je suis pourtant loin d'éprouver une diminution d'affaires et qu'au contraire la confiance, avec laquelle mes concitoyens non seulement, mais aussi d'illustres étrangers se plaisent à s'adresser à moi, semble s'accroître de jour en jour? Ce qui retarde encore particulièrement mes réponses, c'est que je ne voudrais pas me borner simplement à accuser la réception de tel ou tel envoi, mais aussi y ajouter une critique motivée des productions diverses, que l'on me fait l'honneur de me communiquer. Mes forces ne sauraient y suffire, et tant de manuscrits, qui se sont accumulés chez moi depuis la dernière année seulement et que – sans pourtant les perdre de vue – je n'ai point pû dignement apprécier, m'en doivent journellement convaincre. Veuillez-donc, Monsieur, m'excuser de votre mieux auprès de Monsieur le Baron de Stassart et veuillez surtout faire valoir, que pour bien juger un ouvrage de nouveau temps, il faut absolument se rappeller toutes les anciennes études dans cette branche de la litérature, ce que raisonnablement on ne saurait exiger de soi-même, qu'autant qu'on peut suivre sans interruption un plan bien décidément réglé. Daignez vous persuader, Monsieur, et persuader de même à votre respectable ami, qu'avec la meilleure volonté du monde il me serait impossible de me livrer à une critique raisonnée, telle que je souhaite de tout mon coeur que ni vous ni lui ne doutiez en aucune manière de l'intérêt et de l'estime bien distinguée que je vous porte et avec laquelle j'ai l'honneur d'être Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur Weimar, ce 10. Nov. 1824. de Goethe.