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An Gaëtano Cattaneo

Vous m'avez obligé, Monsieur, de la Manière la plus sensible en m'adressant il y a quelque tems un écrit pour lequel je ne saurois me dispenser de vous témoigner ma reconnoissance, quelque tardive qu'en[167] puisse paroitre l'expression. A cette époche où nous avons été frappés du coup le plus sensible, où j'ai perdu dans mon fils un soutien préparé à la longue et riche en espérances, rien ne pouvoit m'être plus précieux que d'apprendre qu'il se trouvoit aussi loin de moi des hommes estimables prenant une part sincère à cet événement, qui sympathisoient du fond de leur coeur avec mes soufraces et qui éprouvoient le besoin de me donner preuve de leur bienveillance soutenue.

Vous même vous avez connu le jeune homme et lui avez fait l'amitié de converser avec lui et de lui communiquer vos lumières autant qu'il pouvoit le désirer et que le comportoit son instruction; vous aurez abservé sans doute qu'il possédoit à un haut degré des connoissances tés-Variées et qu'en particulier ses goûts le portoient vers l'étude de l'art et de l'antiquité.

Les nouvelles qu'il nous de son voyage en Lombardie étoient aussi détaillées qu'intéressantes; il obeser voit chaque contrée avec un formé à l'étude de l'histoire naturelle; ses relations me procuroient les plus vives jouissances, et me donnoient le meilleur espoir pour le complet rétablissement de sa santé.

Il m'avoit aussi fait l'envoi d'objets divers et d'antiquités qui sans être du premier prix n'en étoient pas moinstrés-remarquables dans leur genre. [168] D'autres envois qui se rsttachoient à mes collections sembloient me promettre des matériaux pour toute une vie de conversations intéressantes avec lui.

Mais cette espérance ne devoit pas être réalisée et j'étois destiné à supporter la dure épreuve d'avoir tout à recommncer lorsque j'étois pour ainsi dire au but, d'avoir à m'occuper des intérês de mes petits enfans, que dans l'ordre naturel des choses je m'étois plu à considérer comme assurés entre des mains plus jeunes que les miennes.

Dans le cas, Monsieur où vous series surpris doú retard qu'ont 'prouvé les remercîmens qui vous sont dus, permettez-moi encore d'avouer que j'ai coutume vers la fin de l'année de scruter attentivement le registre des dettes qui me restent encore à satisfaire au milieu des obligations et des rapports les plus compliqués, et comme alors je trouve une occasion de témoigner pour le passé ma reconnoissance logtems silencieuse, et de faire des voeux pour que dans l'avenir la bénédiction d'en haut descende sur des amis éprou vés, mes sentimens se trouvent ainsi exprimés de la manière la plus solennelle pour vous, Monsieur, pour l'excellente famille Mylius et pour Monsieur Manzoni.

Agrées enfin l'assurance de tout ma considération et de l'affectueux dévoument que je vous porterai toujours.

Weimar, ce 1. Dec. 1831.

J. W. Goethe. [169]

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